lundi 20 août 2007

Une légende se perd à Nairobi.


2112, quelques jours avant la douzième journée.

Un mètre quatre-vingt-dix de légende arrivent aux environ de Kasarani. Les amortisseurs crissent une dernière fois lorsque Tony Patel s'extrait du taxi. La carcasse de métal mérite à peine le titre de véhicule, mais le conducteur a appris à la mener de l'aéroport au stade sans accrocs. Et les pourboires sont en général intéressants. Le colosse qui s’éloigne lui en a laissé un généreux, pas très causant par contre…

117 matchs, 302 quarts, 79 points marqués et 400 placages… Trois fois champion de Platinium, deux Supercoupes… Huit ans de carrière aux Hourloup avec qui il a tout gagné.

Et si aujourd'hui il arrive à Nairobi, c'est pour faire bénéficier la jeune équipe des Moranes de son immense expérience. Dans trois jours, ces derniers vont affronter les Oprichniks et jouer la montée. Les Anciens ont parlé à la terre, et les chances de fouler la Bronze l'année prochaine sont minces. Pour Tony, il faut simplement que les Moranes infligent un vingt à zéro aux Oprichniks, ce qui a bien fait rire les parieurs. Enfin, les jeunes Kenyans ont du potentiel et rentrer au pays vaut bien quelques sacrifices...

Les portes du stade ne sont pas fermées, elles coulissent même avec grâce sur un seul gond et manquent d'écraser la légende. Mais Tony a connu pire que des portes en taules rouillées. D’un coup d’épaule il s’ouvre le passage.

Le stade Kasarani est plongé dans la lumière, quelques joueurs semblent s’y entrainer, en plein soleil. Un géant blond en position de défense semble attendre une charge qui ne viendra jamais. La couleur écrevisse de ses bras et de son visage indique qu'il espère encore. Derrière lui, un jeune asiatique lance une balle. Puis comme personne n'est à la réception, court pour la ramasser et la relancer avec une vigueur nouvelle.

A l'ombre, un groupe d'homme parade devant une femme qui s'applique à les ignorer. Eux sont du pays se dit Patel un sourire en coin en s'avançant. Arrivé à quelques mètres, il prend sa respiration.

"Alors tas de nazes, c'est comme ça que vous comptez survivre à la Bronze ? Et bien vous avez de l'espoir ! Attendez de rencontrer les fondus d'Oslo, les Texans survitaminés de Houston et la milice privée du Colonel Moutarde. Sans comptez que dans vos valises vous emmenez les joueurs de Québec et de Moscou, et les infâmes bouchers de Gizeh !Alors si vous pensez que vous êtes prêts, continuez à vous la couler douce, sinon je veux vous voir sur le terrain, et immédiatement !"

Tony desserre sa cravate et se permet un petit sourire de soulagement. Il en même vu un verdir. Bon, et bien il ne sera pas venu pour rien...